09 mars 2011

Toujours pas de visibilité pour les sports urbains: lettre au ministère des sports

Lettre adressée à Monsieur JOURNEAUX, Conseiller

Ministère des sports
Paris

Monsieur le conseiller

Le 8 décembre 2010 et dernièrement, je me suis permis de vous interroger sur la suite que le nouveau ministère souhaitait apporter au Etats Généraux des Sports Urbains de 2009 complétés des auditions des principaux dirigeants au ministère par une commission spéciale comprenant tous les acteurs du sport et quelques experts.
Un rapport aurait été remis en septembre 2010.

Lors de ces auditions, furent présentées
• des offres sportives existantes depuis des années toujours non reconnues en France mais largement pratiquées dans le monde et disposant de Fédérations Internationales.
• des offres de nouveaux sports innovants à vocation internationale tels que le nôtre.

Ces présentations, analysées finement, ont fait également ressortir qu’en plus de l’intérêt sportif et de tous les bénéfices associés, ces disciplines s'étaient principalement bâties autour de cultures urbaines et de l’éthique sportive. Qu’elles avaient très souvent intégré d'autres dimensions sociétales peu prises encore en compte par les sports reconnus.

Souvent spectaculaires, mais certes moins médiatisées, ces sports sont d'avantage l’apanage de pratiquants actifs que des "sportifs de canapé".

La prise de conscience

Le grand Forum 2010 "sport, loisirs, tourisme et territoires " a enfin posé les bonnes questions auxquelles, depuis des années, les responsables des sports non reconnus ont proposé des solutions parfois pertinentes.

Le protocole AMF- CNOSF n'en est qu’à "sensibiliser leurs adhérents à l'intérêt de la mise en place d'instances locales de réflexion et de concertation afin de concourir à une perception globale des attentes des différents acteurs territoriaux du sport sur laquelle fonder une politique sportive diversifiée et adaptée aux besoins locaux. "

Une prise en compte des réalités de terrain également que sont venus expliciter dernièrement les élus du sport (ANDES) à Madame la ministre. Selon les communiqués de presse :"Au-delà des 16 millions de licenciés issus d’un club, le constat a été partagé sur la nécessité de prendre en compte les 35 millions de pratiquants qui représentent l’ensemble de la demande sociale, à savoir les clubs, les scolaires et surtout la pratique loisir, à laquelle toutes les communes doivent répondre".

Permettez moi de vous rappeler que dans nombre des dossiers qui leur ont été remis et décrits lors des auditions au printemps 2010, des propositions innovantes et concrètes adaptées aux réalités des pratiques et des demandes des élus ont depuis longtemps pris en compte ces éléments apportant des solutions organisationnelles, de gouvernance et économiques permettant la mise en cohérence de ces univers sportifs.

Un constat sans réponse.

Monsieur Bernard LAPORTE en nommant Bernard Nieuviaert chargé de mission pour analyser le phénomène , puis Madame Rama YADE, en organisant les Etats Généraux des Sports Urbains avaient appréhendé cette situation qui a commencé à apparaître selon les études des universitaires spécialistes du sport depuis près de 20 à 30 ans .

Certains des sports apparus dès cette époque, aujourd'hui internationaux, mais créés à l’étranger, attendent toujours une réponse de l' État Français pour exister officiellement dans notre pays.

En ce qui nous concerne, nous nous sentons relativement privilégiés. Nous n'avons sollicité et présenté le dossier de notre nouveau sport collectif français et son organisation capable de répondre aux aspirations des élus locaux qu" à seulement trois ministres et deux secrétaires d’état, pour le même résultat.

Madame Chantal JOUANNO, ministre des sports constatait : « Ce qui nous frappe aujourd’hui, c’est qu’il y a plus de personnes qui pratiquent en dehors des clubs qu’en leur sein. C’est une énorme perte pour nous tous. Pas seulement parce qu’il va manquer un encadrement nécessaire pour une bonne pratique de l’activité physique, mais surtout parce qu’il va leur manquer ce lien qui existe lorsqu’on pratique en club. La vie de vestiaire est déterminante, car le sport est un des rares espaces qui cassent toutes les barrières, où le « vivre ensemble » a un réel sens. "

Nous nous réjouissons donc de toutes ces nouvelles "prises en compte" et les "constats partagés" qui permettront de créer la Nation sportive qu’appelle de ses voeux Madame la ministre Chantal JOUANNO. Cependant, je me permettrai de faire cette simple remarque pour résumer la situation actuelle de nombre des nouveaux sports pratiqués : Faudrait- il encore disposer d'un vestiaire ?

Nous sommes prêts à répondre à votre appel de Madame la Ministre: " J'ai besoin de vous".

Nous proposons que les responsables des sports alternatifs et/ou urbains par leurs expertises, leurs savoir faire de terrain et leurs modèles pragmatiques souvent innovants puissent alimenter la résolution des problématiques posées aux représentants des collectivités et à l' État par une partie des 16 millions de licenciés qui allient les deux formules (licence et libre voire double licence avec un sport urbain, un problème a résoudre avec certaines fédérations) et les autres 35 millions de pratiquants libres.

Toutes les questions que les communes doivent résoudre (votre réunion 2011 avec l'ANDES), la plupart des sports alternatifs ont su déjà intégrer les problématiques et apporter des réponses à la demande sociale, la pratique loisir, voire celle à passerelle compétitive, structurer des organisations pragmatiques en adéquation avec les nouvelles consommations sportives, mais aussi tenter de s'ouvrir aux scolaires et universitaires sans toujours réussir compte tenu de l’immobilisme ambiant.

Équipement sportif.

Selon Monsieur François Fillon, premier ministre: "Nous devons chercher l'efficacité" dans un contexte de maîtrise rigoureuse des dépenses publiques : développer les partenariats public-privé, innover avec des opérations comme le « naming » ,concevoir des équipements qui puissent disposer de recettes propres". Si cela est vrai pour le sport professionnel, nous pensons qu'il devrait en être de même pour les sites ludo-sportifs compétitifs. Des investissements publics à plusieurs millions d'Euros, dont nous avons l'exemple, auraient pu à minima assurer leurs frais d'entretien et de fonctionnement, mais dans l'impossibilité de le faire en raison de l'absence de vision telle que décrite par le premier ministre.

Concernant notre pratique, c'est ce que nous tentons d'expliquer et que nous proposons depuis des années accompagné d'un modèle économique.

En résumé : un besoin de visibilité.

Les sports urbains ou alternatifs ont besoin de visibilité pour mettre en oeuvre leur structure de développement basée sur :
L’intérêt national :
• Délégation afin de s'intégrer dans le modèle français
• société d’intérêt collectif (*) sportive intégrant tous les acteurs et validée par le ministère des sports.
Ou privé :
• Sociétés privées qui se développent sur le modèle des « foot centers », des golfs et tennis privés.
• Sociétés privées propriétaires d'événements sportifs telles que ASO

(*)Société d’économie sociale et solidaire, laboratoire peut être capable de donner de la cohésion et de la cohérence aux groupes qui la composent. Dans le cas du sport : les joueurs, les salariés, les bénévoles, les collectivités locales, les partenaires publiques et privés et pourquoi pas l’état.

Georges Decerier
Créateur - Fondateur du Quick soccer en arena